Entre 1963 et 1982, ce sont près de 2.150 mineurs réunionnais, âgés de quelques mois ou quasiment majeurs, qui sont arrivés en métropole, dans des départements frappés par l'exode rural. A cette époque, les gouvernements successifs comme celui dirigé par Michel Debré s'inquiètent d'une natalité galopante et des risques de contestation économique et sociale. Sans compter la misère dans laquelle vivent une grande partie des Réunionnais.
Cinquante ans après, ils ont encore du mal à digérer leur passé, leur histoire et leur départ de la Réunion pour de nouveaux foyers familles de la métropole. Ceux que l'on appelle communément les "enfants de la Creuse" ne savent même pas comment qualifier leur situation : est-ce un déracinement, un arrachement, une transplantation voire un enlèvement? Autant d'histoires singulières et de sensibilités à prendre en compte par une commission d'experts nommée par le ministère des Outre-mer pour retracer les parcours et les conséquences de ces migrations. Leur rapport sera rendu très prochainement.
En 2014, l'Assemblée nationale avait déjà reconnu la responsabilité morale de l'État dans ce transfert d'enfants. Certains ont entrepris un voyage - réparateur ? - vers l'île en espérant y trouver plus de réponses et retrouver une partie de leur famille.
Ces déplacements sont en partie encadrés et financés par le ministère et les associations référents. Certains décident même d'y rester. Et réapprennent à se familiariser avec un environnement, quelquefois idéalisé.
Texte de Judith Chetrit
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Between 1963 and 1982, nearly 2,150 minors from Reunion, who were a few months old or almost of age, arrived in metropolitan France, in departments hit by the rural exodus. At that time, successive governments, such as the one led by Michel Debré, were worried about the soaring birth rate and the risk of economic and social unrest. Not to mention the misery in which a large proportion of the people of Reunion live.
Fifty years later, they are still struggling to come to terms with their past, their history and their departure from Réunion for new family homes in metropolitan France. Those commonly referred to as the "children of La Creuse" do not even know how to describe their situation: is it uprooting, uprooting, transplanting or even kidnapping? So many singular stories and sensitivities to be taken into account by a commission of experts appointed by the Ministry of Overseas France to trace the paths and consequences of these migrations. Their report will be published very soon. In 2014, the National Assembly had already recognised the moral responsibility of the State in this transfer of children. Some of them have undertaken a journey to the island in the hope of repairing their situation. - to the island in the hope of finding more answers and reuniting with some of their families.
These trips are partly supervised and financed by the ministry and the referring associations. Some even decide to stay. And they learn to familiarise themselves again with an environment, sometimes idealised.
Text by Judith Chetrit