"Ko Pika" entremêle deux séries photographiques :
l’une sur l’économie informelle à Kinshasa et l’autre sur
les jeunes activistes environnementaux congolais.
Ces portraits sont représentatifs d’un mouvement important
de la société congolaise qui lutte au quotidien pour un
lendemain meilleur. Ce projet est une sorte d'immersion
dans la réalité quotidienne des congolais qu'on voit sans
voir, des jeunes qu'on connaît sans savoir...
Leur engagement et leur ténacité à aller de
l’avant créent un lien particulier entre ces deux mondes.
Aux abords du Congo, là où le fleuve se déploie dans son majestueux parcours, s'élève Kinshasa. Cette cité, façonnée par d'infinis contrastes, se dessine telle une énigme où la richesse et la précarité entremêlent leurs pas en une danse tantôt sombre, tantôt lumineuse, toujours empreinte de tumultes et d'espoirs. C'est en son sein que Thomas Freteur dévoile son exposition, "Ko Pika".
Elle raconte l’histoire des Kinois qui, face à un système politico-économique qui ne leur offre aucune perspective d'un avenir meilleur, refusent de se laisser abattre. Loin d’agoniser, ils se mobilisent avec ingéniosité, mettant en place des stratégies pour développer leur activité économique et, ainsi, parvenir à améliorer leurs conditions de vie.
Puis, il y a les peintres, ces coloristes de l'évasion, qui transforment les murs ternes en une explosion de résilience. Avec audace et passion, ils laissent leurs empreintes sur le béton, un arc-en-ciel de défiance face à la monotonie de l'existence, un cri d'humanité qui refuse d'être réduit au silence.
Parlons des imprimeurs, ces chroniqueurs impressionnistes qui perpétuent l’art vénérable des lettres et des enseignes peintes à la main. À contre-courant de la vague de digitalisation, ils préservent une tradition séculaire, rappelant les scribes d'antan dévoués à la pérennisation d'un art qui flirte avec l'obsolescence. Chaque œuvre qu'ils composent, qu'il s'agisse d'une affiche ou d'une banderole, devient un éclat du temps, un témoignage de l'endurance et de la persévérance des habitants de Kinshasa. Ces fragments de papier, encrés d'histoire et d'humanité, se dressent comme des manifestes vivants de l'esprit têtu et résilient de la capitale congolaise.
Les tondeurs de pelouse, artisans du vert, se lèvent aux aurores pour modeler de leurs mains travailleuses les jardins de la capitale. Dans leurs mouvements, résonne l'écho de la lutte énoncée par Fanon, où chaque trait de tondeuse édifie un chemin de dignité face à l'adversité.
Et n'oublions pas les loueurs d'instruments, ces mélomanes de rue, qui, dans le tumulte de Kinshasa, offrent l'opportunité d'une symphonie collective. Chaque instrument mis à portée de main est une voie d'accès à une scène inespérée, une résonance à travers les clivages sociaux permanents.
Au détour d'une ruelle, les sorciers du froid, réparateurs de frigos et de congélateurs, exercent leur magie technique. Face à la chaleur accablante, ils préservent les essentiels, maintenant à froid l'espoir pour une ville qui refuse de fléchir sous le soleil implacable.
Et puis, il y a ces sentinelles de propreté, ces agents infatigables qui veillent à l'hygiène de la ville. Comme Fanon le soulignait pour les damnés de la terre, ils éradiquent les traces de l'oubli, les cicatrices de l'insalubrité, et veillent à ce que Kinshasa puisse respirer librement sous un ciel dégagé de toute souillure.
Chacun de ces héros du quotidien tisse son fil dans la trame d'une Kinshasa habile et endurante. Dans ce tableau où s'entremêlent misère et grandeur, ils bâtissent avec leur labeur acharné, la promesse d'une existence rehaussée de dignité.
"Kinshasa : Sillons d'Espérance sur les Terres des Damnés" rend hommage à ces hommes et femmes, qui, dans une ville encore compartimentée, tracent inlassablement les sillons d'un futur forgé de leurs mains, brossant dans ces différences séculaires, les nuances d'un demain plus juste et plus fraternisé.
Ketikila Kani Matondo Merveille, juriste fiscaliste et membre du Collectif Ekolo Mémoire & Héritage.
Je suis 2050, vous avez peut-être déjà entendu parler de moi, vous pouvez même imaginer à quoi vous allez ressembler si vous avez la grâce de me rencontrer, une année à laquelle certains d'entre nous n'ont peut-être même pas encore pensé. Je vous parle de moi car il est important que vous me connaissiez, car l'avenir de vos descendants ou de ce pays est lié au mien.
Permettez-moi de vous faire découvrir qui je suis.
Tout d'abord, je tiens à remercier l'année 2020, marquée par l'arrivée de la Covid-19. Une période où vous vous êtes posé des questions sur la situation du monde, la situation de votre pays et la situation de vos vies dans différents domaines. Une période de peur, de frustration, de découverte et surtout de questionnement. C’est alors que de nombreux chercheurs ont mis en lumière mon existence en se posant la question : à quoi va ressembler l'état du monde, de l'Afrique ou de la RDC en 2050 ?
Les recherches révèlent d’un côté que la République démocratique du Congo, avec plus de 105 millions d'habitants en 2024, est le quatrième pays le plus peuplé d'Afrique après le Nigeria, l'Éthiopie et l'Égypte, et le 15e pays le plus peuplé au monde. On estime que d'ici 2050, la RDC comptera 215 millions d'habitants et rejoindra les 10 pays les plus peuplés du monde. La population du pays est le résultat d'une croissance supérieure à la moyenne par rapport aux autres pays du continent, avec une augmentation de 3,3 % en 2022, alors que la moyenne du continent est de 2,5 %. Le taux de croissance moyen de la population mondiale était de 0,8 % en 2022.
D'un autre côté, les recherches montrent que selon le dernier rapport sur les objectifs du Millénaire pour le développement, si les tendances actuelles de la pauvreté dans le monde persistent, 575 millions de personnes, soit 7 % de la population mondiale, continueront à vivre dans l'extrême pauvreté, principalement en Afrique subsaharienne. L'indice mondial de pauvreté multidimensionnelle révèle que sur 1,1 milliard de personnes pauvres, 566 millions sont des enfants et des adolescents de moins de 18 ans. Près de 64 % de la population congolaise vit avec moins de 2,15 dollars par jour.
La grande question est de savoir avec cette augmentation démographique de la population congolaise d’ici 2050, sommes-nous en danger ou avons-nous une opportunité à saisir ?
Du haut de mes 26 ans avenir, je vous présente l'économie informelle qui est un trésor et une opportunité à saisir.
En République démocratique du Congo, selon le rapport de l’ANAPI, l'incidence de la pauvreté est établie en moyenne à 80 % et le taux de chômage à 84 %. Les jeunes, les femmes et d'autres se sont lancés dans l'économie informelle, une économie qui joue un rôle significatif. Elle représente une part importante de l'activité économique, fournissant des emplois à de nombreuses personnes qui n'ont pas d'autres options.
Elle offre des emplois à de nombreuses personnes qui n'ont pas accès au marché du travail formel, ce qui réduit le chômage et la pauvreté. De plus, elle fournit des biens et des services essentiels à des prix abordables pour de nombreux Congolais. Elle favorise également la résilience économique en permettant aux gens de subvenir à leurs besoins malgré les défis structurels du pays.
L'économie informelle en RDC est présente dans une variété de secteurs, notamment :
1. Commerce de rue : vente de produits alimentaires, vêtements, produits électroniques, etc.
2. Services : petit artisanat, réparation de véhicules, coiffure, services de transport informel (taxis-motos, minibus), etc.
3. Agriculture : vente de produits agricoles sur les marchés locaux, petits élevages, etc.
4. Construction : travaux de construction informels, travailleurs journaliers, etc.
5. Secteur minier : exploitation minière artisanale dans certaines régions du pays.
6. Activités informelles dans le secteur financier : services de transfert d'argent informels, prêts informels, etc.
Ces activités sont souvent menées par des individus ou de petites entreprises qui n'ont pas de registre officiel et qui opèrent en dehors des réglementations gouvernementales. Et ces individus, ces jeunes, ces femmes et ces hommes, sont aujourd’hui des héros du monde de la situation actuelle du chômage en RDC et de son économie. Et cela me donne moi, 2050 une fondation de réflexion sur les opportunités à saisir sur l'économie du pays à mon arrivée.
Cependant, cela pose également des défis en termes de régulation, de sécurité sociale et de fiscalité. Pour tirer avantage de l'économie informelle en RDC, il est important de reconnaître son importance et de travailler à l'intégrer progressivement dans le secteur formel. Cela peut se faire par le biais de politiques publiques qui facilitent la transition vers le formel en fournissant un soutien financier aux petites entreprises, en simplifiant les procédures administratives et surtout en offrant une formation professionnelle aux travailleurs informels. De plus, il est crucial de créer un environnement économique propice à l'investissement et à la croissance, ce qui encourage les entrepreneurs informels à se formaliser.
Je suis 2050, Et je suis un couteau à double tranchant, une opportunité de la main-d'œuvre avec mon augmentation démographique mais aussi une menace concernant le taux de chômage existant. L'intégration et l’accompagnement des entrepreneurs informels nous aideront à réduire le chômage et à assurer une bonne croissance économique du pays. Mais n’oubliez pas, vous ne pouvez pas parler de moi sans parler de la 4e révolution industrielle ou de l'IA (Intelligence Artificielle)…
À suivre,
Bénédicte Mundele Kuvuna
Présidente de la Fondation Kuvuna