MAYOTTE, L'URGENCE SOUS LES TROPIQUES
(2017)Petit bout de terre française nichée dans le canal du Mozambique, à 8.000 kilomètres de la métropole, Mayotte est le département des superlatifs : le plus jeune de France, le plus pauvre aussi. Avec 84% de sa population vivant sous le seuil de pauvreté, il représente paradoxalement l’espoir d’une vie meilleure pour des milliers de comoriens qui débarquent chaque année clandestinement sur ses côtes, faisant doubler officieusement sa population. Dans ce contexte complexe et singulier, les services publics sont en surchauffe. L’hôpital et son service des urgences n’échappent pas à la règle.
Perché sur les hauteurs de Mamoudzou, la préfecture du département, le Centre Hospitalier de Mayotte n’a pas à rougir face aux hôpitaux métropolitains. Bâtiment neuf aux longs couloirs baignés de lumière, doté de matériel performant, il peine pourtant régulièrement à recruter, victime de la mauvaise réputation de l’île. Ici, la délinquance et la violence battent des records, et l’attractivité de Mayotte est en berne. Aux urgences, les cadences sont infernales. La plupart des médecins et infirmiers sont des métropolitains qui viennent pour des contrats courts, avant de repartir vers d’autres horizons. Pourtant, la tendance semble s’inverser. La crise qui frappe durement l’hôpital public en métropole, pousse les jeunes soignants hors du circuit classique, en quête de meilleures conditions de travail, et l’hôpital de Mayotte tire son épingle du jeu. Pas mal de jeunes médecins et infirmiers reviennent pour des périodes longues, certains s'installent même sur l'île. Un cercle vertueux qui se répercute sur les plannings, passés de 60 heures par semaine en période de sous-effectifs, à 43 heures en ce moment. Les urgentistes sont jeunes, polyvalents, et traitent des pathologies qui seraient normalement confiées à des spécialistes en métropole. Car ici, les patients attendent souvent le dernier moment pour consulter et arrivent aux urgences avec des pathologies à des stades avancés.