PEINE DE GENRE
(2019)Dans un pays ouù leur orientation sexuelle ou identité est passible de prison, les homosexuels et trans de Tunisie essayent de trouver leur place entre discrétion et affirmation. Depuis la « révolution de jasmin » en 2011, qui a marqué la fin de la dictature Ben Ali, les libertés individuelles ont progressé. Le pays a adopté une Constitution particulièrement progressiste en 2014, faisant de la Tunisie un modèle dans le Grand Maghreb. Pourtant, la loi tunisienne punit toujours les homosexuels et les trans. L’article 230 du Code pénal condamne jusqu’à trois ans de prison les rapports entre personnes du même sexe, visant surtout l’homosexualité masculine. Bien qu’anticonstitutionnel, contraire aux droits de l’Homme, cet article ne pourra être remis en question que par une Cour constitutionnelle qui peine à voir le jour. En attendant, certains juges conservateurs continuent de l’appliquer, pouvant envoyer derrière les barreaux tout homme dont l’apparence serait jugée trop efféminée. Conséquence de cette pénalisation, rares sont les victimes homosexuelles ou trans qui osent pousser la porte d’un commissariat, de peur de passer de victime à coupable. Répression, et exclusion. Ici, on craint parfois autant la mise au ban de la société que la police, le rejet de la famille que la prison. Dans ce climat de discrimination généralisée et de menaces, la lutte pour les droits s’organise progressivement, et malgré la peur, la communauté LGBT+ trouve de plus en plus le courage de se faire entendre. Aujourd’hui des associations luttent ouvertement pour les droits des LGBT+, ce qui était impensable il y a quelques années encore. La solidarité s’organise. Des portes s’ouvrent pour accueillir ceux que la société exclut. Dans ces colocations de fortune, un semblant de vie quotidienne se dessine, dans l’inertie d’un confinement sécurisant, dans l’attente que la dépénalisation soit à l’ordre du jour et que les mentalités évoluent.