olivier ceccaldi

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A Tunis les exilés dans l'attente d'une réponse des institutions
   
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A Tunis les exilés dans l'attente d'une réponse des institutions
Copyright olivier ceccaldi 2025
Updated Oct 2024
Tunis, le Samedi 30 septembre 2023
Depuis l’arrivée massive de migrants sur l’île de Lampedusa il y a dix jours, la gestion des flux migratoires et notamment ceux qui transitent par la voie méditerranéenne est devenue une priorité pour l’Italie et l’Union européenne. La voie choisie est celle d’une collaboration renforcée avec la Tunisie par le biais d’une enveloppe de 105€ millions d’euros pour développer les moyens de contrôle et encourager les retours volontaires des migrants présents sur le territoire avec le soutien de l’UNHCR et l’OIM. 
Pourtant devant le siège de l’OIM de Tunis, on peut constater que depuis des mois près de 50 personnes dorment dehors en attendant que leur demande de retour soit traitée. Tous se sont enregistrés auprès de l’organisation et attendent une date de départ. Jusque là, ils sont forcés de dormir dehors sans aucune solution de mise à l’abri proposée et sans aucun accès à des sanitaires. Les douches ont été construites à l’aide de planches de bois, l’eau arrive grâce à un tuyau d’arrosage et les habitations sont faites de matériaux de récupération trouvés ou laissés sur place par d’anciens occupants. 
Parmi les personnes sur place, Soumaiia vit avec son bébé de 4 mois né en Algérie durant la traversée du désert. Lors de son inscription auprès de l’OIM elle a seulement reçu quelques bons d’achat pour pouvoir acheter de la nourriture pour bébé ainsi que des couches. Depuis, elle ne doit compter que sur elle-même et chaque matinée, avec son amie Fatoumata, enceinte de 4 mois, elles vont mendier dans le quartier cossu “Les Berges du Lac”. Interrogée devant les grilles, une employée de l’OIM confirme que l'organisation fait tout son possible pour venir en aide aux personnes présentes devant son bâtiment et pour leur trouver des solutions d'hébergement même si les moyens sont limités. Mais rares sont ceux qui ont eu la chance de se voir proposer une place d’hôtel pour ne pas avoir à dormir dehors. C’est le cas d’Abdoul, qui avec cinq compatriotes a été logé par l’OIM sur présentation de leur passeport tchadien. Pour ses amis qui n’ont plus de documents d’identité, la seule solution a été de trouver refuge dans un immeuble en chantier qui se trouve à 5 minutes de marche des locaux de l'organisation affiliée aux Nations Unies. Là bas, dans cet immeuble de 5 étages, plus d’une centaine d’hommes survivent à même le sol sauf pour le peu qui ont la chance d’avoir une tente pour s’abriter du froid nocturne. Les installations sont plus que dangereuses, avec des morceaux de fer qui sortent des murs, des trous dans le sol qui sont parfois bouchés à l’aide de barres de fer ou de portes. Le parc qui se trouve devant sert de sanitaires pour l’ensemble des habitants. Parmi eux, Ahmed, 16 ans, arrivé à Tunis il y a une semaine. Fatigué par son voyage depuis le Soudan, il a fait une demande d’asile auprès de l’UNHCR. Comme beaucoup sur place, il a bien son récépissé mais celui-ci ne donne droit à aucune aide alimentaire ou financière et en attendant, lui aussi se retrouve à devoir survivre par ses propres moyens. Pour se nourrir, les hommes rassemblent chaque jour le peu d’argent qu’ils arrivent à collecter pour se payer des pâtes. La solidarité est devenue pour eux la clé de la survie. La malnutrition et le manque d’hygiène entraînent de nombreuses pathologies et pour ceux qui sont déjà malades, l'accès aux soins est difficile et il faut souvent se débrouiller seul. C’est le cas de Mitchell qui a une allergie aux yeux qui est tout rouge le jour où je le rencontre. Comme il me l’explique lors d’un long entretien, il a mis l’OIM au courant de son problème mais rien n’a été fait et il lui a fallu trouver du travail pour pouvoir se payer lui-même ses soins dans un hôpital public. Fatima, elle, n’a pas cette chance. Atteinte d'un cancer de l'estomac, elle a alerté à de nombreuses reprises l'OIM et la personne en charge de son dossier mais jusqu'à présent elle n'a vu aucun médecin.
Tunis, Saturday, September 30, 2023 Since the massive arrival of migrants on the island of Lampedusa ten days ago, the management of migration flows, particularly those transiting through the Mediterranean route, has become a priority for Italy and the European Union. The chosen path is one of strengthened cooperation with Tunisia, through a fund of €105 million to develop control mechanisms and encourage the voluntary return of migrants present in the country, with the support of UNHCR and IOM. However, in front of the IOM headquarters in Tunis, it can be observed that for months, nearly 50 people have been sleeping outside, waiting for their return request to be processed. All have registered with the organization and are waiting for a departure date. Until then, they are forced to sleep outside, with no shelter solutions offered and no access to sanitary facilities. The showers were constructed using wooden planks, water comes from a garden hose, and the makeshift homes are made from materials scavenged or left behind by previous occupants. Among the people present, Soumaiia lives with her 4-month-old baby, born in Algeria during the desert crossing. When she registered with IOM, she was only given a few vouchers to purchase baby food and diapers. Since then, she has had to rely solely on herself, and each morning, with her friend Fatoumata, who is 4 months pregnant, they go begging in the affluent neighborhood “Les Berges du Lac.” When questioned at the gates, an IOM employee confirms that the organization is doing everything possible to help the people in front of their building and to find them shelter solutions, although resources are limited. But few have been lucky enough to be offered a hotel room to avoid sleeping outside. This is the case for Abdoul, who, along with five fellow nationals, was housed by IOM after presenting their Chadian passports. For his friends, who no longer have identity documents, the only option was to seek refuge in a construction site building located a five-minute walk from the UN-affiliated organization’s offices. In that building, which has five floors, more than a hundred men survive on the floor, except for those fortunate enough to have a tent to shield themselves from the night’s cold. The facilities are extremely dangerous, with metal scraps protruding from the walls, holes in the floor sometimes covered with iron bars or doors. The park in front of the building serves as a public toilet for all the inhabitants. Among them is Ahmed, 16 years old, who arrived in Tunis a week ago. Exhausted from his journey from Sudan, he has applied for asylum with the UNHCR. Like many others here, he holds a receipt, but it does not entitle him to any food or financial aid. In the meantime, he too is forced to survive by his own means. To eat, the men pool the little money they manage to gather to buy pasta. Solidarity has become the key to survival. Malnutrition and poor hygiene lead to numerous illnesses, and for those who are already sick, access to healthcare is difficult, often requiring them to find solutions on their own. This is the case for Mitchell, who has an eye allergy that is very red the day I meet him. As he explains in a long interview, he informed IOM of his problem, but nothing has been done, and he had to find work to pay for his medical care at a public hospital. Fatima, on the other hand, does not have that luck. Diagnosed with stomach cancer, she has repeatedly alerted IOM and the person in charge of her case, but so far, she has not seen any doctor.
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