olivier ceccaldi

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Village de Guet Ndar à Saint Louis, les pêcheurs face à l'océan
   
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Village de Guet Ndar à Saint Louis, les pêcheurs face à l'océan
Copyright olivier ceccaldi 2025
Updated Oct 2024
FRANÇAIS- Comment protéger le mode de vie des pêcheurs lorsque les poissons fuient la mer? 
A Guet Ndar, sur la dernière presqu'ile de Saint Louis, l'existence du village est menacée par la mer ainsi que par les Hommes. Depuis plusieurs années, le village fait face à l'avancée rapide de l'océan ainsi qu'à des épisodes de fortes houles dont le dernier, le 28 décembre 2018, a détruit toute la première rangée d'habitations, forçant un grand nombre de pêcheurs à se relocaliser dans d'autres quartiers de la ville, comme celui de Pikine, beaucoup plus éloigné de l'eau. Pour Bara BA, la décision a été très compliquée car abandonner la vie à Guet Ndar c'est abandonner un mode de vie, celui des Lebou pour qui l'océan est source de la vie. Chaque matin il se lève donc à l'aube et fait le trajet jusqu'au village, espérant que le temps sera assez clément pour pouvoir envisager une sortie en mer.
Car dernièrement, l'eau avance de plus en plus sur cette petite lande et la houle menace ceux dont les embarcations sont du côté fleuve et qui doivent affronter les vagues pour atteindre l'océan. Nombreux sont ceux qui y laissent leur embarcation et parfois leur vie. Il faut dire qu'il est de plus en plus compliqué d'être pêcheur par ici, car l'eau se vide de ses poissons et ceux qui restent sont emportés par les gros chalutiers étrangers ( Inde, Chine, UE). Le dernier gros spot de pêche a même disparu depuis l'installation d'une plateforme pétrolière en face des côtes. Depuis, les pêcheurs sont interdits de s'approcher par des patrouilleurs militaires et ils sont obligés de prendre de plus en plus de risque pour espérer ramener du poisson. Pour remédier à ce problème, le gouvernement sénégalais a passé un accord avec son voisin mauritanien pour la délivrance de 500 permis de pêche pour les pêcheurs sénégalais. Mais tous n'ont pas eu le fameux sésame et pour ceux là, la nécessité outrepasse le risque de se voir arrêter. Pour Arouna N'DIAYE, patron de pêche de 64 ans, le choix fut simple; pour pouvoir nourrir sa famille il fallait envoyer son équipage là bas malgré l'absence d'autorisation. Il se souvient de la dernière sortie. Le matin il avait payé son équipage, ravitailler le bateau en essence. Mais cette fois-ci, la chance n'était pas avec eux car arrivés en Mauritanie, ils furent contrôler par l'armée et tout leur équipement leur fut confisqué, des filets au moteur; seule la pirogue fut sauvée.
Face à cette situation, de plus en plus de pêcheurs vendent leur pirogue pour pouvoir payer la traversée jusqu'en Espagne. Pour beaucoup, l'exil apparaît aujourd'hui comme une solution pour nourrir sa famille. Aliou, jeune pêcheur de 17 ans, envisage aujourd'hui cette possibilité alors qu'il a quitté son village il y a deux ans pour réaliser son rêve de travailler sur un bateau. Mais le rêve n'est plus si beau et la tentation de l'ailleurs l'emporte sur le risque d'un naufrage.

ENGLISH- How Can We Protect the Way of Life of Fishermen When the Fish Leave the Sea? 
In Guet Ndar, on the last peninsula of Saint Louis, the village’s existence is under threat—both from the sea and from human activity. For years, the village has faced the rapid encroachment of the ocean and episodes of violent swells. The most recent, on December 28, 2018, destroyed the entire front row of homes, forcing many fishermen to relocate to other neighborhoods in the city, such as Pikine, much farther from the water. For Bara Ba, the decision to leave was extremely difficult because abandoning life in Guet Ndar means giving up a way of life—the way of the Lebou people, for whom the ocean is the source of life. Each morning, he rises at dawn and makes the journey back to the village, hoping the weather will be calm enough to consider heading out to sea. However, the situation grows increasingly precarious. The ocean continues to encroach on the narrow strip of land, and the waves endanger those whose boats are on the river side and must cross through treacherous waters to reach the ocean. Many lose their boats—and sometimes their lives—in the attempt. Being a fisherman here is becoming more challenging. The waters are emptying of fish, and those that remain are taken by large foreign trawlers (from India, China, and the EU). One of the last significant fishing spots disappeared after an oil platform was installed off the coast. Since then, military patrols have forbidden fishermen from approaching, forcing them to take greater risks to catch anything. In an effort to address this crisis, the Senegalese government reached an agreement with Mauritania to issue 500 fishing permits for Senegalese fishermen. Yet, not everyone has received the coveted permits. For those left out, the necessity to provide for their families often outweighs the risk of arrest. For Arouna N’Diaye, a 64-year-old fishing captain, the choice was clear: to feed his family, his crew had to venture into Mauritanian waters without authorization. He recalls his last outing vividly: he paid his crew and stocked the boat with fuel that morning, but luck was not on their side. Upon arrival in Mauritania, they were stopped by the military, who confiscated all their equipment—from their nets to their motor. Only the pirogue was spared. Given these challenges, an increasing number of fishermen are selling their boats to pay for passage to Spain. For many, exile now seems like the only way to provide for their families. Aliou, a 17-year-old fisherman, is seriously considering this option. He left his village two years ago to pursue his dream of working on a fishing boat. But the dream no longer feels so hopeful, and the lure of leaving outweighs the fear of a shipwreck.
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Village de Guet Ndar à Saint Louis, les pêcheurs face à l'océan by olivier ceccaldi
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